Découvrez ci-dessous le rapport de résidence rédigé par l’artiste, revenant ainsi sur son expérience.

« Pendant ces trois semaines à la Saline Royale (du 5 au 25 mai 2025), j’ai pu habiter les jardins en photographiant les insectes et la faune qui les peuplent. J’ai également exploré la forêt de Chaux, les rivières Loue et Doubs et les champs de la région, ce qui m’a permis de mieux comprendre la nature et le fonctionnement des écosystèmes.

À Besançon, j'ai visité l'insectarium du musée de la Citadelle, où j'ai pu observer et photographier plus de 60 espèces vivantes.

Une grande découverte pour moi à la librairie de la Saline a été la pensée de l’architecte et dessinateur Luc Schuiten, concepteur de Jardin de l’Arc jurassien de la Saline Royale. Il propose, comme une vision d’un “Monde souhaitable”, le biomimétisme : s’inspirer de la nature pour concevoir un monde magnifié par sa relation au vivant.

Tous ces stimuli ont grandement contribué à enrichir mon projet La Rébellion des Insectes. J’ai pu photographier une immense diversité de petits insectes auxquels je n’ai pas accès dans mon environnement habituel, tels que des libellules, des coléoptères, des cétoines dorées, des grillons, des insectes bâtons, des puces d’eau, des papillons, entre autres.

Grâce à des bourses passées, j’ai pu voyager à Paris, Barcelone, Rome, Florence et Venise, où j’ai réalisé des prises de vue photographiques de l’architecture urbaine caractéristique de chacune de ces villes. Ces photographies sont essentielles pour poursuivre la série La Rébellion des Insectes, récompensée par le programme Odyssée.

Pour rappel, La Rébellion des Insectes est une saga photographique qui met en lumière, de manière poétique et métaphorique, la lente et dramatique disparition des insectes face à l’expansion urbaine. L’œuvre se compose d’images en grand format de bâtiments et de structures architecturales métropolitaines, modifiées et fusionnées avec la série Bichos. Les personnages de la saga, les insectes, sont d’abord représentés en pleine avancée, préparant leur rébellion. Ensuite, par une exagération d’échelle, ces insectes-personnages reconquièrent des paysages urbains de villes.

La saga constitue un manifeste visuel, un appel à la prise de conscience de la nécessité de valoriser, protéger et restaurer les écosystèmes planétaires et la biodiversité.

Au cours de mon séjour à la Saline, par l’intermédiare de Lionel Viard (Responsable de la saison culturelle de la Saline royale d'Arc-et-Senans), j’ai fait la connaissance de photographes résidant à Besançon, Elisa Murcia Artengo et Nicolás Waltefaugle, avec lesquels j’ai pu échanger sur les approches de la photographie contemporaine, en particulier sur la valorisation de la photographie argentique et du tirage manuel en noir et blanc.

Toujours par l’intermédiare de Lionel, j’ai également pu échanger autour de mon travail avec les habitants d’Arc-et-Senans au bar associatif Aux Trois Coups.

À Paris, j’ai eu l’opportunité de visiter l’exposition rétrospective de l’œuvre de Robert Doisneau, grand photographe qui m’a inspirée tout au long de ma carrière.

À Arc-et-Senans, j’ai également eu la chance de dialoguer avec le cinéaste et photographe français Jean-Philippe Macchioni, qui possède une galerie d’art en face de la Saline Royale. Macchioni travaille ses photographies avec une technique très particulière et a généreusement partagé son expérience avec moi, ce qui a constitué un apport significatif à ma propre pratique artistique.

Ma résidence à la Saline Royale a été extrêmement enrichissante à tous égards. Avec plus de 1200 photographies réalisées, je suis désormais prête à poursuivre et développer ce projet, que j’espère pouvoir présenter et exposer dans un avenir proche. »