Mercure Rolaphton est un acteur, réalisateur, comédien, metteur en scène, dramaturge et poète haïtien.
Projet de résidence :
Seul Dieu et les imbéciles
"A l’ère de l’intimité digitale, des relations sur commande, de la communication instantanée et de la socialité connectée, notre nouvelle génération ne s’intéresse plus au travers tumultueux de l’histoire qui a forgée son passé. Dans l’un de ces enfers fait à la main, Haïti, femme sans seins drapé de lierres, l’humain patauge et vit sans archives. Sans ce rétroviseur omniscient, toute civilisation est condamnée à la marche arrière et à tout ce que le mot rétrograde veut dire.
Quelle est la place de l’artiste dans cet univers instable où tout se vit au jour le jour ? Où nos choix sont influencés par des algorithmes ? Jaillir est la solution.
Seul Dieu et les imbéciles est un monstre bicéphale. La première partie est censée raconter un pan de la vie de Pierre-Nicolas Mallet, unique soldat français qui a déposé sa signature sous l’acte de l’indépendance haïtienne. Aucuns livres d’histoire ne raconte cet événement mais ils sont plus confortable dans le fait de traiter Jean-Jacques Dessalines de raciste. Quelle est la place du dramaturge face à cette réalité bafouée ? Cette première partie veut relever ce défi. Mettre en lumière, tel Aimé Césaire avec La Tragédie du roi Christophe, ce héros méconnu. Et pour faire ce peu, quoi de mieux d’avoir accès aux archives d’une ville ouverte sur le monde ?
La deuxième partie du projet est censée raconter la fin du règne du roi haïtien Faustin II. Pour ceux qui l’ignorent, en 1926 un soldat américain, puisque Haïti fut occupé par les USA de 1915 à 1934, a été reconnu par les habitants de l’île de la Gonâve comme la réincarnation du roi Faustin Soulouque dit Faustin I. Edmond Wirkus Faustin, blond aux yeux bleus, avatar de Soulouque, noir aux cheveux crépus. Pour pousser l’insolite dans ses derniers retranchements, Edmond se lia à la prêtresse vaudou la plus puissante de l’île et ensemble, ils dirigèrent jusqu’au retour de monsieur aux Etats-Unis. De retour au bercail, il écrivit The White King of La Gonâve et fit un best-seller.
Avec mes centres d’intérêt que sont la littérature, la peinture, la musique, le cinéma, l’histoire pour ne citer que ceux là, j’aimerai bien me mettre à l’œuvre pour l’élaboration de ce projet à double portée : artistique et historiographique. La tâche sera rude mais le jeu en vaut la chandelle. On revient encore à la place de l’artiste, même à distance, quel sera l’impact de son travail dans sa communauté ? Pourquoi écrit-on ? Pour qui surtout ?"