spectacle vivant Alloue

Marilou Leblanc/

Autrice et Comédienne

Marilou Leblanc

Julie Artacho

2023

Marilou Leblanc est une autrice et une comédienne canadienne possédant une parole brute et douce. Elle aborde dans sa pratique des enjeux queers, féministes et anti-grossophobes. Marilou est aussi une grande sensible, une éternelle nostalgique et une grande amoureuse.

Projet de résidence :

Il s’agit d’une résidence d’écriture dramatique autour d’un projet intitulé « MA COLÈRE, ou un truc du genre... »

« Tout a commencé quand ma psy m'a dit : « J’aimerais qu’on ait accès à ta colère brute, Marilou. » Pardon? Je ne suis pas trop sûre de comprendre? Non, c'est elle qui ne comprend pas. Je ne me sens pas en colère... je me sens endormie. Ou plus comme si j'étais morte? Oui, c'est ça. Comme morte. Je me sens mourir. Un moment donné, oui, je vais mourir. Vous aussi. Tout le monde meurt. Mais c'est comme si je le sentais trop souvent. Que les choses ont une fin. Que je passe beaucoup trop de mon temps à être nostalgique et que le reste, j'ai peur. Peur de nommer, de crier et d'être en tabarnak1 ? Oh... Elle est là, ma colère brute.

(…)

Ma colère et mon féminisme, ou plutôt mon féminisme en colère, m’appellent. Cette colère qui n’est pas seulement la mienne, mais celle de ma mère, de ma grand-mère et de sa mère avant elle. De tous.tes celleux qui crient depuis trop longtemps et celleux qui ne se sont pas donné le droit d’être à bout par peur de blesser, de déranger ou de se perdre.

(…)

D'une certaine manière, je crois que tout ça part de là. Ça part de l'invisibilisation de la diversité, des minorités, des femmes. Ça part du besoin que j'ai eu de crier que j'étais une rageuse gouine, quand à 13 ans, j'ai frenché ma meilleure amie au quai des autobus de ma polyvalente2 en région. Ça part de ma mère qui me crie par-dessus tête qu'elle n'est pas une bonne mère et de la sienne, qui ne fait que pleurer parce qu'elle ne connaît pas une autre façon d'être femme. Ça part de mon hypersensibilité qui a peur de ma colère, comme la peste, peur qu'elle ne me coupe en deux comme un melon d'eau qu'on ouvre l'été en pleine canicule. Ça part de mon trop-plein, de ne plus savoir quoi en faire, d'en avoir peur. Peur de ma colère aussi grande que l'amour que je possède, parce que les deux sont interreliés, que je le veuille ou non. Pour mon amour inconditionnel se trouve, non loin, ma colère sans condition, qui prend celle des autres avec la mienne. Je suis l'effet boule de neige. Ton combat devient le mien. Parle et je vais être derrière, à répéter ton slogan. »