arts visuels Arc-et-Senans

Hossein RAJABIAN/

Cinéaste, scénariste et photographe

Hossein RAJABIAN

2025

Hossein Rajabian est un cinéaste, dramaturge et photographe iranien arrivé à Paris le 30 septembre 2022. Lauréat Nora 2023, il a été sélectionné à nouveau en 2025. 

Projet de résidence :

2025 - Montrer ce ·lles, ce ·ux que l'on ne voit pas

Contexte : Le projet prend appui sur une recherche photographique débutée en 2002 dans des zones reculées, voire périlleuses, d’Iran. A cette époque, très peu d’informations circulaient sur les populations habitant ces lieux périphériques (montagnes de l’Alborz, province du Sistan Baloutchistan, désert de la province de Fars, etc), et je souhaitais partir à leur rencontre. De ces périples immersifs réalisés pendant plus de dix ans, a découlé plus d’un millier de clichés documentant la vie de ces gens aux prises avec un quotidien et un environnement particulièrement incléments. En 2013, tout ce travail artistique a fait l’objet d’une saisie brutale par les pasdaran, les Gardiens de la révolution. Je suis arrêté, torturé et condamné à 6 ans d’emprisonnement à la prison de Evin, à Téhéran, pour poursuite d’activités artistiques illégales, propagande contre le régime et insultes à la religion. Ces photographies ne m’ont jamais été rendues.  Par chance toutefois, un petit nombre de ces images a pu échapper à la mainmise des pasdaran. C’est en arrivant en France, à laquelle j’avais demandé l’asile politique, que j’ai souhaité me repencher sur le sort de toutes ces photos, tant celles que j’avais pu sauvegarder, que celles dont j’avais été dessaisi. Je me suis rendu compte que le fil directeur de toute cette “expérience” est la tension permanente créée entre ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas : ces populations que j’avais côtoyées ne se voyaient pas, ne se rencontraient pas dans les villes car elles vivaient dans des espaces très éloignés. En outre, elles n’apparaissaient pas dans l’actualité car elles faisaient face à des problématiques (pauvreté extrême, infrastructures médicales, éducatives, routières…défaillantes, expositions à des trafics de drogue, de pétrole, à des conflits armés) que le régime préférait cacher. La censure de mes photos était l’illustration que ces communautés des confins représentaient une réalité dérangeante. Montrer cette réalité m’avait moi-même exposé à devoir disparaître de la vie publique en purgeant ma condamnation dans les geôles de Téhéran. 

Projet : Partant de ce constat, j’ai décidé de continuer à travailler sur cette tension entre ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas en :

- offrant un espace de visibilité aux clichés que j’avais pu sauvegarder de la capture par les Gardiens de la révolution. Je compte exposer les clichés que j’ai pu sauvegarder.

- recréant les clichés “disparus”, que l’on ne voit plus, car confisqués. Pour ce faire, je compte consigner autant d’informations que possible sur plusieurs des clichés qui m’ont été retirés. Ces descriptions textuelles, légendes de photos maintenant disparues, mais survivant dans mon oeil intérieur, auront pour but de nourrir des dispositifs de reconstruction visuelle.