théâtre Villeneuve-lès-Avignon

Hatem Hadawi/

Acteur, écrivain et professeur d'art dramatique et d'écriture

Hatem Hadawi

2025

Hatem Hadawi a été lauréat Nora en 2021 et en 2025 pour une résidence à la Chartreuse de Villeneuve. 

Hatem est un acteur, écrivain et professeur d'art dramatique et d'écriture originaire de Deir ez-Zor, en Syrie. Dans son pays natal, il aimait observer et étudier le comportement humain à travers le corps, le langage, le dialogue et les performances humaines dans la vie quotidienne. Pendant ses études à Damas et avant de partir pour la Turquie, Hatem a rejoint un groupe d'artistes de théâtre qui l'ont initié à cet art. Depuis, il se consacre entièrement à cette discipline. Après le déclenchement de la guerre en 2011, Hatem a développé ses compétences professionnelles en participant à de nombreux ateliers et cours avancés avec de nombreux artistes et metteurs en scène du monde entier. Il est devenu formateur et directeur d'ateliers de préparation d'acteurs en Turquie, puis en France.

Par ailleurs, il a travaillé à développer ses outils d'écriture afin de consolider ses recherches sur les aspects cachés de la psyché humaine et de comprendre les événements qu'il a vécus pendant la guerre en Syrie, en reproduisant et en transformant la mémoire en énergie vivante pour assurer la continuité.

Hatem organise également des ateliers d'écriture créative et travaille sur ses propres projets liés au théâtre et au cinéma. Hatem utilise le théâtre et l'écriture comme un moyen de comprendre la conscience humaine, comme un espace d'exploration et de dialogue avec l'espace intérieur de chaque personne, et comme un moyen d'approfondir les zones inconnues de l'âme humaine.

Projet de résidence

2022 - Le Mur ou l’éternité d’un massacre 

 
Ce texte s’inspire de faits réels dont j’ai été témoin et survivant :  un massacre commis par l’armée du gouvernement dans deux quartiers de la ville de Deir Ez-Zor les 24 et 25 septembre 2012. Pourtant, il ne s’agit pas pour moi d’écrire un énième témoignage des atrocités de la guerre.  
Ma responsabilité d’être humain et d’artiste m'engage à ne pas occulter la cruauté d’un événement ou d’une expérience personnelle et existentielle de ce genre, d'en faire un simple événement passager écrit dans les pages noires de l’histoire, mais de prendre appui sur mon expérience pour chercher un nouveau langage et dépasser l’ineffable engendré par les atrocités de la guerre.
Je ne parle pas du massacre syrien en tant que syrien, mais en tant qu'être humain appartenant pleinement à l'humanité… Surmonter le fait réel, pour le transcender et ainsi progresser et grandir.
Née au cœur d’une vérité terrifiante, cette œuvre me permet de plonger dans des espaces abandonnés, négligés, mystérieux et étranges ainsi que dans les secrets profonds de la structure humaine. Je dissèque l’évènement, je viens étirer le temps et l’espace, multiplier les points de vue et les formes d’écriture pour explorer et dialoguer avec l’espace intérieur de chacun ; cet espace singulier et intime qui touche à l’universel.

 

2025 - CEPENDANT … Entre l’immuable et le mutable

"CEPENDANT … Entre l’immuable et le mutable est un voyage philosophique dans lequel s’affrontent l’existence et l’annihilation, la vie et la mort, la mort et la survie, envisagées comme une extension ininterrompue de l’expérience humaine. En effet, chaque vérité se dissimule derrière son contraire, qui la complète dans une fusion insaisissable.  Cependant, la découverte de ces vérités, sans événement ni récits, reste vaine, car l’expérience est une nécessité existentielle incontournable pour enrichir notre compréhension de l’humanité. À travers la survie, l’expérience et la souffrance considérées comme un espace de transition. L’abîme incompris  qui sépare ce à quoi nous avons échappé de ce qui nous attend — il n’existe aucun salut sans l'explorer en profondeur et en analyser chaque détail. Chaque expérience renferme un espace où se dévoilent les aventures et les dangers que nous avons affrontés. L’action se déroule en Syrie entre 2011 et 2012, au cœur des événements de la révolution syrienne, dans la ville de Deir ez-Zor, une cité singulière, à la fois par l’étrangeté de son environnement désertique et par son éloignement du centre de la Syrie, considérée comme un exil pour les oubliés et les damnés. L’état d’exil se répète à un niveau plus profond lorsque le survivant et son père sont abandonnés dans leur demeure vivant dans un vide total. La zone n’est pas seulement éloignée du centre-ville, mais aussi inhabitée, ce qui en fait un exil à l’intérieur d’un exil plus vaste. Ainsi, cette répétition devient un espace dense et inévitable, théâtre de bouleversements irréversibles dans la vie du survivant et de son père."