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Retranscription Causerie – Une Europe plus verte et plus juste/

Retranscription Causerie – Une Europe plus verte et plus juste

Rencontres européennes 2023/ Patrimoines & création face aux transitions contemporaines

À l’occasion des Rencontres européennes « Patrimoines & création face aux transitions contemporaines » organisées par l’ACCR les 16, 17 et 18 novembre 2023, Catherine Trautmann, présidente du Relais Culture Europe, a porté une causerie animée par Tiffany Fukuma, directrice générale du réseau européen Trans Europe Halles, l’un des plus larges et plus anciens réseaux culturels européens présent dans plus de 40 pays.

La nécessaire (re)politisation de la culture, secteur au cœur de la transformation systémique de nos sociétés, était le fil rouge de cette discussion particulièrement inspirante et passionnante. Dans cette dynamique, le rôle des Centres culturels de rencontre a longuement pu être étayé : soulignant les actions et les sensibilités déjà à l’œuvre, rappelant les points de vigilance, donnant de nouvelles pistes et approches politiques à explorer…

« Je vous donne cette phrase, cette citation qui dit que la culture est l’humanité de l’humain Donc si on veut apporter un sens à ce qui est ce défi de la transition écologique qui est en même temps une transition économique et sociale, il faut lui donner cette dimension humaine. Et qu’est-ce qui peut donner une dimension humaine à ce que l’on peut construire ensemble sinon la culture ? La culture est donc cette aventure commune. Elle a un rôle systémique, elle a un rôle de lien. (…) Elle doit être libre de ce que les acteurs et les créateurs entreprennent. Si elle n’existe pas ou si elle est bridée c’est le moral collectif qui prend un coup et c’est aussi une forme de destruction, je dirai, de la force sociale qui est à l’œuvre. »

/Des Centres culturels de ressources

Par leur interdisciplinarité, leur mise en dialogue du patrimoine et de la création contemporaine, leur capacité à fédérer des acteurs aux statuts et aux ambitions divers, leurs recherches et questionnements sur les préoccupations sociétales contemporaines, leur ouverture presque quotidienne aux publics, les Centres culturels de rencontre pourraient tout aussi bien s’appeler des Centres culturels de ressources.

« C’est de vous considérer comme des centres culturels de ressources parce que vous produisez des ressources et que ces ressources sont une valeur immatérielle. Être un centre de ressource, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que votre approche est intégrative, que votre approche est une approche qui agglomère les acteurs mais que votre approche est aussi intégrative des sujets, qui les traite dans leur complexité et qui cherche aussi à proposer des démarches, un projet qu’il soit culturel et qu’il soit partageable avec un public, avec évidemment des professionnels et avec un territoire et, accessoirement, avec des politiques. »

« On est dans un lieu, un lieu qui rassemble et on cherche à le faire vivre avec l’ensemble des problématiques. Donc ça devient un lieu ressource pour le public, pour les citoyens, pour les chercheurs, pour les artistes, bref pour les communautés. »

« Je cherche un peu désespérément les endroits qui soient les endroits rassurants, stimulants qui permettent de partager l’innovation et qui soient des lieux de délibération collective. Et je pense que nous ne réussirons pas la transition écologique si nous n’avons pas aussi d’autres méthodes de décision et de gouvernance. Je suis venue vous dire que pour moi les Centres de rencontre c’est le débat, c’est rencontrer quelqu’un qui n’est pas comme soi mais c’est mieux savoir, après le débat, comment on est soi-même. »

Les CCR apparaissent ainsi comme des repères, des lieux ouverts, accueillants et propices aux débats ainsi qu’à l’innovation.

/Expérimenter et exprimer sa citoyenneté

Les CCR revendiquent une approche inclusive et coopérative de la culture dans sa plus large acception. Dès lors, il ne s’agit plus d’aller vers des publics mais de réfléchir, d’avancer et de créer ensemble. Par ce modèle spécifique, les CCR créent ainsi les conditions d’expression et d’exercice de la citoyenneté.

« C’est sortir aussi de ce que peut être une vision, je dirai, un peu éculée de ce que peut être la culture institutionnalisée, subventionnée, etc. C’est aussi ce que chacun peut apporter. Faites des Centres culturels de rencontre des endroits où les citoyens ont le sentiment, comme ici (à la Saline royale) en contribuant à la plantation d’un arbre, de dire 'moi la transition écologique, j’en suis acteur'. »

Les CCR peuvent porter cette expérience de la délibération collective dans cet objectif de fabriquer, d'entretenir et de transmettre le bien commun qu’est le patrimoine. Ils se placent dans une posture d’accompagnement et non pas de transmission descendante ou d’injonction.

« La démocratie délibérative c’est une forme de processus de décision, c’est vraiment un processus qui associe les citoyens, la société civile. C’est la société civile qui, sur un sujet donné, va s'emparer, un, de la recherche et de comprendre le problème ; deux, de le formuler ; trois, de proposer une manière de poser ce problème de façon compréhensible et partageable avec l’ensemble des citoyens. »

/Repolitiser la culture

Plus globalement, ces éléments précédemment mentionnés alimentent l’idée principale qui est celle de (re)politiser la culture afin, notamment, de montrer ses multiples rayonnements.

« Donc il y a un enjeu politique très important de ces élections (élection européenne de 2025) et c’est la raison pour laquelle moi j’encourage beaucoup des mouvements comme le mouvement européen à se poser la question de la culture parce que la culture apparaît comme une politique secondaire et non structurante de l’union et je crois qu’aujourd’hui, avec la transition écologique, il faudrait la voir comme une politique qui est au cœur de cette transformation systémique de notre économie, de notre société et de notre environnement. »

« Donc je pense qu’il faut prendre ces éléments de patrimoine comme des démonstrateurs, et les traiter comme des démonstrateurs, et à ce moment-là le patrimoine à une utilité historique, culturelle, sociale et environnementale. »

« Je pense que les gens sont sensibles à la pédagogie qui émane de ces Centres de rencontre et c’est en même temps aussi une fierté et on a besoin de succès (..). C’est la raison pour laquelle je pense que ce sont des lieux privilégiés effectivement de rencontre avec la société civile et entre acteurs de ces changements. »

/Raisonner à l’échelle européenne

En tant que réseau européen, les Centres culturels de rencontre favorisent les rencontres internationales, estimant que le dialogue et la rencontre permettent un enrichissement aussi bien professionnel, avec l’apport de nouveaux savoirs et de nouvelles pratiques et compétences, que personnel en découvrant d’autres cultures. Les résidences d’artistes ou bien les mobilités Erasmus+ témoignent de cette dimension internationale.

« Pourvu que les Centres culturels de rencontre puissent devenir des centres européens aussi de ressources dans lesquels on se sent un peu européen chez nous. »

« Si on veut que l’Europe continue d’être un espace démocratique de liberté, de création et d’influence dans le monde, comme on le souhaite c’est-à-dire pacifique et avec une puissance de coopération avec les pays - y compris avec ceux avec lesquels on peut avoir une tension puisqu’on a su le résoudre - c’est pour ça que j’insiste autant sur la dimension culturelle. »

 

Nous vous invitons à découvrir cette causerie dans sa totalité en en lisant la retranscription.