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Retour sur les Rencontres Hospitalité & création (2) – La mise en partage des résidences avec les publics/

Retour sur les Rencontres Hospitalité & création (2) – La mise en partage des résidences avec les publics

Rencontres Hospitalité & Création 2023

Les 11 et 12 mai 2023, l’ACCR et ses partenaires se sont réunis pour célébrer les 20 ans du programme de résidence Odyssée. Cette Rencontre a permis de prendre la mesure de ce qui avait été fait ces dernières années et de réfléchir ensemble à de nouvelles voies de valorisation des résidences dans l’intérêt des artistes et professionnel.le.s de la culture accueilli.e.s ainsi que dans celui des publics des CCR.

Les CCR sont des lieux d’accueil et d’hospitalité pour les artistes, les professionnel.le.s de la culture ainsi que les chercheur.euse.s quel que soit leur profil sociologique, leur origine ou encore leur discipline de prédilection. Par l’intermédiaire des programmes de résidences Odyssée, Nora et Nafas, coordonnés par l’ACCR et soutenus par le ministère de la Culture, les CCR se présentent comme des lieux encourageant le dialogue interculturel. Les CCR s’engagent pour une expression artistique et culturelle libérée de toutes pressions et contraintes extérieures.  

Cette valeur partagée fait partie des communs des CCR bien qu’ils connaissent des contextes différents, ce ne sont ni les mêmes publics selon le territoire d’implantation ni les mêmes projets de résidences accueillis selon les sensibilités et les projets des sites.

Étant des lieux ouverts, la question du lien entre les résident.e.s et les publics est essentielle dans les projets de structure. Bien que la résidence soit prioritairement un temps de travail introspectif, si l’artiste l’accepte, des temps de rencontre peuvent être instaurés, et cela peut prendre des formes variées. Ces interactions peuvent intervenir à différents moments de la résidence, aussi bien avant que pendant et même après. Ce sont autant de leviers à mobiliser pour créer des échanges avec les habitant.e.s, et plus largement avec les publics.

/Faire ensemble

Devenir acteur.rice à part entière d’un projet artistique permet aux publics de ne plus être de simples spectateur.rice.s, développant ainsi leurs sensibilités et accentuant leur intérêt pour les performances proposées. Se sentir impliqué induit une nouvelle valorisation du public qui devient un maillon clé et non plus optionnel. Faire ensemble, réunir artistes et publics au sein d’un même projet donne à l’art et à la culture un caractère social.

Le château de l’Esparrou, souhaitant être un lieu dont les locaux s’emparent, choisit ses résident.e.s selon leur envie de partager avec les publics et leur capacité à proposer des projets participatifs.

Par exemple, en 2022 au château de Goutelas, Maria Luisa Usai, reçue dans le cadre du programme de résidence Odyssée, a proposé un projet épistolaire performatif. En amont de son arrivée, elle a travaillé le lien avec le public en diffusant un appel à candidatures pour récupérer des adresses postales des habitant.e.s des environs : il leur était simplement demandé s’ils ou elles acceptaient de recevoir des lettres et d’y répondre, sans préciser qu’il s’agissait d’un projet artistique. La restitution de ce travail correspond à une performance lors de laquelle l’artiste découvre les réponses à ses lettres. Chaque performance est donc différente de la précédente et ne met pas en scène une fiction mais bel et bien le partage intime des personnes ayant accepté cette correspondance qui interroge l’écriture. La participation est ici une condition sine qua non à la performance artistique. 

/Créer des espaces informels

Une des vocations des CCR est de se rendre accessible à tous les publics, initiés ou empêchés. Ce sont des lieux ouverts au sens propre comme au figuré. Il faut donc être en mesure d’aller à la rencontre des publics les plus éloignés, voire réticents. Provoquer la rencontre demande une certaine agilité aux CCR qui peut passer par des actions hors les murs ou bien des nouvelles approches de la culture.

Actions hors les murs/

Le Plus Petit Cirque du Monde (PPCM) propose des résidences sauvages au pied des immeubles de Bagneux, dans le 92. Les personnes présentes assistent gratuitement aux performances. Cette méthode permet de contourner la peur de franchir les portes d'un lieu dont on estime ne pas avoir les codes. 

La Ferme de Villefavard propose également ces actions hors les murs en organisant notamment des rencontres et des concerts dans le café, la médiathèque, l’église ou encore les parcs du village. Les résident.e.s vont ainsi à la rencontre des locaux dans des lieux qu’ils et elles fréquentent régulièrement.

Dévoiler les coulisses et inciter à la participation/

En termes de nouvelle approche culturelle, se note un intérêt marqué pour les coulisses des événements et des créations. Le public souhaite assister au making off, ce qui permet à la fois de démystifier l’art et la culture, de comprendre l’ampleur du travail derrière une prestation finale et aussi de créer un attachement singulier de la part du visiteur ou de la visiteuse qui se sent privilégié.e d’avoir pu assister au processus en train de se faire.  

Les répétitions à l’Abbaye aux Dames sont publiques, offrant ainsi une nouvelle approche de la musique et changeant le regard porté par les spectateur.rice.s pendant le concert. Des ateliers sont aussi mis en place à destination des amateur.rice.s afin qu’ils ou elles puissent répéter dans le but de jouer lors de la première partie du concert ayant lieu le soir même.

Le PPCM s’inscrit dans une démarche similaire en invitant les habitant.e.s à venir voir les étapes de travail des artistes. Ces allers-retours avec le public permettent d’apprécier différemment la performance artistique.

La corderie royale de Rochefort a également eu recours à cette approche en rendant la reconstruction de l’Hermione ouverte au public tout le temps du chantier. Ce chantier spectacle a permis de donner à voir une œuvre d’artisanat en construction, incitant les publics à venir plusieurs fois pour constater l’avancée des travaux. Une fois le chantier terminé, des ateliers ont été mis en place pour continuer à exploiter ce savoir-faire maritime avec, par exemple, des séances pour apprendre à faire des nœuds marins. Faire et faire voir permet de capter l’attention différemment et de donner un rôle plus actif aux publics.