Reprendre son souffle/

Reprendre son souffle

© Hossein hajizade Siboni

2022

Les résidences sont souvent l'occasion pour les artistes de se ressourcer dans des lieux qui invitent au calme et à la contemplation. Loin des grands centres urbains, ils retrouvent alors un espace où se reposer et créer. 

L'inspiration dans le jardin

Abdelnasir A. Muhanna est né au Soudan. Réfugié en France, il a connu la jungle de Calais avant d’obtenir l’asile politique. C'est là-bas qu'il a commencé à écrire son roman « Les camions », une fiction inspirée de la jungle de Calais qui illustre des aspects de la trajectoire de l'immigration d'Afrique vers l'Europe, à travers le destin d’un jeune réfugié soudanais.

Il raconte son séjour à la Saline royale, en avril 2021 : 

« Le lendemain matin, je suis sorti explorer ce lieu enchanteur, et à ma grande surprise et plaisir, c'était l'endroit que je cherchais et qui pourrait m'inspirer pour finir d'écrire mon roman, qui était dans mon tiroir de bureau depuis longtemps, et une grande partie était encore dans mes pensées et mon imagination. »

« J'aime généralement écrire dans des espaces ouverts, donc j'écris rarement à l'intérieur d'un site suspendu, j'ai donc trouvé mon objectif souhaité dans cet endroit. »

« La nuit, l'endroit est calme et je n'entends que le chant des oiseaux, des chauves-souris et des grenouilles, alors je sors sur la place. Les lumières tamisées me rappellent la grandeur et le calme de la nuit, et pour la première fois en France, je profite de ces étoiles qui brillent dans le ciel de la Saline Royale pour donner l'intimité et le prestige de cette partie du pays. »

Hossein Hajizade Siboni est artiste iranien. Fuyant son pays natal à pied, il est passé par huit pays avant d'arriver en France et d'obtenir le statut de réfugié. Il a séjourné à la Saline royale en avril 2022. 

« Dans le silence des nuits étonnantes, sous la lumière des étoiles brillantes, non loin de Genève, près des Alpes, je m'assieds sur le rebord de la fenêtre, comme un hibou perché sur une branche, fixant la Voie lactée et j'entends des corbeaux sur un grand arbre au milieu de Saline royale. Alors je prends mon livre, je lis, je chante comme Les Chants de Maldoror ! L'aube se lève, le ciel violet du matin est incroyable, c'est comme si le soleil se levait derrière les collines non
loin d'ici et puis brillait pendant des heures sur la belle nature et les fleurs printanières qui avaient poussé sur sa jupe verte.
 »

Une chambre à soi

Cécile Avougnlankou est une écrivaine béninoise. Également professeure de français, elle s’attache à donner de la visibilité aux femmes écrivaines africaines et à promouvoir la lecture auprès des jeunes. Son séjour à la Chartreuse de Villeneuve lui a offert un nouvel espace intérieur. Fortifiée par les murs épais de sa chambre, elle raconte comment cette pièce a été le théâtre d’un quotidien qui laissait toute sa place à la création. 

« Je ne sentais aucune pression, aucune attente extérieure ne me pesait. Les cris et les sollicitations des miens se sont évanouis autour de moi. J’étais libre avec moi-même. Je m’étais retrouvée. Au calme. Je pouvais m’entendre, me comprendre »

« ce fut une opportunité en or que j’employai bien à reconstruire ma pièce, à lire et à vivre… »