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Rencontre nationale des départements pour la culture/

Rencontre nationale des départements pour la culture

2023

Le jeudi 30 novembre, l’ACCR a assisté à la troisième Rencontre nationale des départements pour la culture organisée en Seine-et-Marne par Culture•Co.

Culture•Co est le réseau national pour la culture dans les départements, accompagnant ainsi des politiques publiques en faveur de la culture dans l’espace départemental. L’association met au cœur de son projet les enjeux de coopération, entre différents niveaux de collectivités et avec les acteurs de la vie artistique, culturelle, éducative, sociale, économique et du développement territorial.

Cette Rencontre était un temps de rassemblement et de partage pour l’ensemble des acteur.rices qui œuvrent au développement artistique et culturel des territoires. Ces trois jours ont mêlé des ateliers, des séquences de rencontres et d’échanges ainsi que des conférences autour de témoins et d’initiatives inspirant·es pour explorer, débattre, produire, s’inspirer et s’entraider.

 

Quelle culture pour quel futur ? /

/Une approche systémique

Un des enjeux clés de la culture pour demain est d’agir selon un principe de responsabilité systémique. Il faut penser ses actions dans un cadre plus large : en termes de condition d’habitabilité de la planète. Ce positionnement implique de travailler de manière transversale les enjeux environnementaux, économiques et socio-culturels. Œuvrer pour une justice environnementale va de pair avec une justice sociale.

Face à un repli communautaire marqué, le caractère fédérateur de la culture permet de tisser des liens qui, à leur tour, permettent de changer nos perspectives collectives : le « je » se nourrit du « nous ». Il s’observe une véritable fertilisation des points de vue par l’écoute mutuelle. À l’échelle d’un territoire, cela peut se traduire par l’importance de la mutualisation et, par conséquent, la création d'écosystèmes dans lesquels acteurs de la culture, secteur social, monde associatif et collectivités territoriales travaillent ensemble pour des intérêts communs, à savoir une offre globale.

En amont de ces préoccupations, s’est aussi posé l’enjeu de la formation des futur.es professionnel.les de la culture aux questions scientifiques. Cela représente un potentiel à mobiliser pour être en mesure d’agir plus finement sur l’aspect environnemental. A été soulevé le manque de transversalité dans les formations culturelles avec un réel besoin d’apports scientifiques théoriques. Bien que de nombreux outils pédagogiques, comme les fresques, se développent, persiste ce besoin de connaissances scientifiques et non pas seulement techniques.

/Sortir de la focalisation quantitative

Les inégalités de rencontre avec l’art et la culture sont encore très persistantes. Il convient donc de se demander comment favoriser les conditions de cette rencontre et surtout comment faire en sorte que les publics soient actifs et non pas seulement des cibles dans un projet. La question du désir est alors centrale : comment créer du désir et susciter l’envie de participer, de coopérer ou encore de pratiquer ? Cette approche instaure un rapport émotionnel au fait culturel qui passe notamment par la mise en récit, approche davantage qualitative.

Dans un contexte de transitions multiples et de futur incertain, se joue une bataille des imaginaires et des récits qui ont la capacité à valoriser différents schémas d’évolution : des transformations souhaitables et soutenables pour l’avenir comme des glorifications du modèle de développement actuel. Les artistes et les acteurs culturels endossent ce rôle de perturbateur du quotidien pour sensibiliser et proposer des pistes de réflexion.

 

Décentraliser pour revitaliser la démocratie /

Les acteurs culturels engagés pour une démocratie sociale et territoriale ont la conviction que le dialogue doit être le socle de toute décision. Ils militent alors pour une rénovation démocratique qui promeut un modèle plus vivant dans lequel l’individu est sollicité et considéré comme citoyen et non pas simple consommateur.

Contrairement à une démocratie régime, la démocratie sociale est employée pour souligner qu’il s’agit plus d’un mode de vie, d’une culture et d’une pratique à part entière. Ce passage est opérant si l’on crée et entretient la culture de l’engagement par une démocratie désirable, habitée, continue et empreinte de fraternité. Par habitée, il faut entendre la création et/ou mise à disposition de lieux ouverts au débat, propices aux rassemblements et à la co-construction.

Les sites culturels et, plus largement, l’art et la culture sont des instruments propices à l’émancipation nous permettant de prendre part au monde et de le comprendre. Ce sont des vecteurs d’éveil à la citoyenneté.

Par démocratie territoriale, il faut entendre la prise en compte des spécificités de chaque territoire afin de proposer des projets et des aménagements en cohérence.

 

Quelle culture en milieu rural ? /

La ruralité est un espace qui participe pleinement aux transitions sociétales. Il serait d’ailleurs plus juste de parler des ruralités dans la mesure où un modèle unique n’existe pas. Ruralités comme patrimoines se déclinent au pluriel avec certes l’importance du patrimoine bâti mais aussi le patrimoine naturel et immatériel qui fait écho aussi bien aux savoir-faire, aux traditions locales qu’aux pratiques en amateur.

Les territoires ruraux ont, par exemple, contribué à revaloriser certaines pratiques et certains média comme le conte qui a retrouvé une certaine noblesse en ruralité alors que longtemps relégué au second rôle de simple divertissement pour enfants.  

Dans les territoires, nombreuses sont les créations originales et hybrides de lieux n’ayant pas pour utilité première une vocation artistique et culturelle mais le deviennent dans une dynamique de multifonctionnalités. Les Centres culturels de rencontre incarnent ce réemploi des sites, cette réinvention des lieux de patrimoine pour en faire des lieux de culture vivants qui restituent les récits territoriaux.