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Colloque / Faire vivre les monuments, penser les expériences des publics/

Colloque / Faire vivre les monuments, penser les expériences des publics

2025

Le mardi 6 mai, l’ACCR a eu le plaisir de participer au colloque "Faire vivre les monuments, penser les expériences des publics" co-organisé par le Centre des monuments nationaux et le GIS études touristiques en partenariat avec l’ESTHUA-INNTO et l’UCO à l'Hôtel de la Marine (Paris).

Chercheur.euses et acteur.rices de terrain ont questionné les expériences vécues par les personnes, qu’elles visitent, animent ou étudient, des sites patrimoniaux. Ont ainsi été discutées, entre autres, les relations entre médiateur.rices et visiteur.euses, entre site patrimonialisé et usages quotidiens des lieux, ou encore entre les multiples approches et conceptions du guidage. La notion même de monument a aussi été interrogée par plusieurs interventions : que signifie un monument historique dans un contexte contemporain ? comment est-il perçu ?

/ Un patrimoine vivant

Au-delà de la dimension performative des monuments, la question d’un patrimoine vivant évolutif, valorisant notamment les savoir-faire et les modes de vie, a été étayée par l’exemple québécois des visites des sites de production d’électricité, exemple présenté par Pascale Marcotte.

Au regard des nouvelles avancées techniques qui rendent obsolètes ou secondaires certaines sources et/ou objets nécessaires à la production d’électricité, cet exemple a invité les participant.es à élargir leur regard et à interroger ce que nous considérons comme patrimoine. Par exemple, les cheminées sont passées d’un statut fonctionnel à un statut décoratif propre à être admirées comme du travail d’artisanat, le bassin minier du nord de la France a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco au titre de « paysage culturel évolutif vivant », … D’une désuétude technique, ces sites et objets gagnent en exceptionnalité. 

Derrière leur matérialité, il convient de s’intéresser aux valeurs immatérielles qu’ils véhiculent : ils sont les témoins des transitions sociétales, des évolutions des modes de vie ainsi que des évolutions techniques et scientifiques. Ils portent ainsi la mémoire des travailleur.euses et de leurs savoir-faire spécifiques.

Dans le cas des visites des sites de production d’électricité québécois, celles-ci sont assurées par des agent.es de terrain qui partagent leur expérience et leurs connaissances. Cela fait écho à une valeur chère au réseau de l’ACCR issue de la Convention de Faro : « l’importance du patrimoine tient moins aux objets et aux lieux qu’aux significations et aux usages que les gens leur attachent et aux valeurs qu’ils représentent. »

/ Médiation et relation aux personnes

Les échanges ont également porté sur la posture des médiateur.rices et les relations entretenues avec les visiteur.euses ainsi qu’avec les monuments. De cette triade, émerge le registre du plaisir d’être ensemble au même endroit, formant ainsi une communauté éphémère partageant un même souvenir.

En tant qu’acte de partage et non pas que technique, les médiateur.rices s’attachent à réenchanter la parole partagée, à s’ajuster aux envies et besoins des personnes ainsi qu’à donner accès à des dimensions non-attendues, s’attelant ainsi à révéler ce qui fait sens pour chacun. Il convient d’appréhender la médiation sous l’angle de la réciprocité et de l’égale dignité des savoirs : chacun ayant autant à apprendre de et à apprendre à.

L’intervention de Bastien Ruaux a aussi permis de présenter les actions des greeters (habitant.es bénévoles qui guident gratuitement des touristes lors d'une balade) qui sont à envisager de manière complémentaire avec les autres formes de visite et de médiation. Cette prise de parole a permis d’interroger la cohabitation des différents usages et usager.eres au sein d’un même espace.

Toujours dans cette optique d’égale dignité, les participant.es ont eu l’occasion d’aborder des questions liées à la notion l’inclusion qui, au-delà des bonnes intentions, demande de repenser globalement ses pratiques. Cette réflexion collective avait pour ambition de déconstruire les stéréotypes et biais éventuels en l’abordant largement : physique, géographique, symbolique, budgétaire, récits dissonants, etc.